A 15 jours des examens, Igor, 14 ans, rentre à la maison sans son classeur de cours. Auprès de ses parents qui le tancent, il se justifie : il n’a pas pu ranger ce dernier dans son sac à dos déjà bien plein et l’a oublié sur la banquette du bus. Un fâcheux incident qui, quelque temps plus tard, conduira sa mère, Alexandra Lousse, à imaginer un porte-classeur universel…
YauraplusKa passer de l’idée… à la concrétisation d’un produit dont aucun équivalent n’existe sur le marché.
Sous les plumes
L’idée
Le porte-classeur universel (format A4, de 40 à 80 mm), en mode « mains libres » est adaptable à tous les types de classeurs sur le marché ; il est pourvu d’une sangle ajustable avec une bande velcro… Aujourd’hui, l’invention est brevetée dans 75 pays.
Le lancement
YaKa Company a été créé en février 2017 par Alexandra Lousse et Joël De jonck ; son porte-classeur est commercialisé depuis un an.
Les avantages
Outre le transport aisé de documents, le YaKa en évite… la perte. Il protège le classeur, arbore une présentation esthétique et fun (en cuir ou PVC éco-friendly, avec un large choix de couleurs). Le YaKa se fixe facilement au classeur dont il reste solidaire durant son utilisation. Il est doté d’une poignée et d’une lanière adaptable en 3 longueurs, amovible et offre donc le choix du mode de transport.
Le porte-classeur, personnalisable, peut servir l’image d’une entreprise, en affichant son logo. Enfin, il épargne le dos de l’utilisateur, qui ne doit plus porter sa charge dans les bras en adoptant une posture peu recommandée.
Matériaux et déclinaisons
Le YaKa est réalisé en textile/PVC biocompatible, sans solvants dangereux ou en 100 % cuir. YaKa Company se concentre aujourd’hui également sur la conception d’un produit qui serait 100% vegan.
Répartition de la clientèle
60% B2B ; 40% B2C.
Les canaux de distribution
«Depuis juin 2018, nous avons un distributeur dans le Benelux. Par la suite, des distributeurs en Allemagne, en France, en Pologne, en Slovénie nous ont rejoints et nous sommes occupés avec la Grèce, l’Espagne,… Les distributeurs livrent les papeteries (ndlr : par exemple les « Club » depuis peu). Nous sommes également en pourparlers avec des gros acteurs européens de fournitures de bureaux ou directement les entreprises qui recherchent des cadeaux d’affaires… »
Le nom
« Le nom YaKa est le résultat d’une séance familiale de mise en commun d’idées et c’est finalement Joël qui l’a trouvé ! Nous avons opté pour un nom court, qui se prononce de la même manière dans toutes les langues. Nous avons appris par la suite, qu’en lingala, YaKa signifie « Viens, on y va », ce qui lui sied admirablement ! »
Les fournisseurs
Après avoir visité une cinquantaine d’usines en Europe, c’est finalement sur Grando (Nivelles), pour la fabrication du YaKa et Ecoplast (Charleroi) pour les lattes de renfort, qu’Alexandra et Joël ont jeté leur dévolu. Les travaux de couture, finitions à la main, packaging… sont, pour leur part, assurés par l’APAC (Atelier Pont-à-Cellois, entreprise de travail adapté).
Les canaux de promotion, les coups de pouce
« Nous participons à des salons afin de nous faire connaître. Grâce au salon de la papeterie de Malines, nous avons signé avec notre distributeur Benelux et, via le salon « Maison & Objet » de Paris, nous avons aussi été en contact avec plusieurs distributeurs européens. En novembre 2017, notre passage à « On n’est pas des pigeons » a déclenché une série de pré-commandes de notre porte-classeur ! En tant que start-up commençant avec des moyens limités, à répartir dans la protection du produit, son développement, le marketing, etc., nous saisissons toutes les opportunités de faire connaître notre produit. Le concept est tout nouveau – nous sommes même passés par notre avocat pour créer le nom « porte-classeur » ! – et nous devons donc déployer beaucoup d’énergie pour notre communication.
Lauréats, en octobre 2018, de Boost-Up/Industries Créatives (ndlr : appel à projets au terme duquel des financements de 40.000€ sont octroyés à des indépendants ou des entreprises (TPE ou PME) des industries créatives, basé(e)s en Wallonie), nous avons bénéficié d’une bourse de 40.000 euros, qui nous a aidés sur tous ces plans », développe Alexandra Lousse.
La juriste a toujours su très bien s’entourer dès le départ. Ainsi a-t-elle frappé à la porte d’Innovatech auprès duquel elle a rentré un dossier, avec quelques prototypes. L’ASBL carolo, forte de son équipe de coaches en innovation, aide les entreprises à innover de façon plus performante et rapide…
Les prix
La version cuir du YaKa coûte près de 100 euros ; pour celle en PVC biocompatible, il faut compter entre 30 et 35 euros.
Le bon moment…
« J’ai, depuis toujours, eu l’envie de créer ma boite… Durant ma carrière, j’ai même remis trois fois ma démission afin de me lancer. Mais ce n’était pas le bon moment. Ici, avec YaKa, après des études de marché, j’ai pris conscience que tous les signaux étaient au vert et j’ai foncé ! Je recommencerais à 100% ce que j’ai fait, peut-être un peu plus tôt, mais je pense que je devais arriver à un stade de maturité, tant en termes de compétences de gestion que d’internationalisation. Pour être viable, YaKa Company doit, en effet, franchir les frontières et faire du volume… »
Les difficultés sous-estimées…
« En fait, la charge de travail qui pèse sur vos épaules, quand vous lancez votre business, est énorme et souvent largement sous-estimée par l’entrepreneur. Pour Yaka, le but était d’intégrer toutes les étapes de la chaine : invention, développement, production, distribution. Du jour au lendemain, vous devez être performant sur tous ces plans et, pour chaque pays, chaque distributeur, le travail est à refaire ! Certes, ma formation de juriste et mon expérience dans différents postes de multinationales ont été bénéfiques pour YaKa Company. Malgré tout, lorsque vous êtes vraiment seul pour tout assumer, c’est une autre histoire ! Et, de surcroit, vous devez toujours rester réactif, notamment pour honorer les commandes rapidement. Enfin, l’aventure n’est pas seulement personnelle, mais elle touche toute la famille qui doit vous encourager dans cette voie car la vie va sérieusement changer pour celle-ci aussi !
Néanmoins, malgré les sacrifices, l’investissement à 1.000%, je suis pleinement satisfaite d’être parvenue à créer et développer un produit de A à Z. C’est enthousiasmant d’apprendre tous les jours quelque chose, dans tous les domaines : comptabilité, marketing, informatique, international… Le support que l’on trouve en Région wallonne est tout à fait incroyable si l’on se donne la peine de chercher à bien s’entourer. Etre acteur du développement d’une entreprise en Wallonie, avec la perspective de se constituer une équipe, en appliquant ses propres règles d’éthique, c’est genial ! »
Les devises d’Alexandra
- « Il n’y a pas de réussite facile ni d’échecs définitifs » (Marcel Proust)
- « Il est difficile d’échouer,mais il est encore plus difficile de ne pas avoir essayé de réussir »(Theodore Roosevelt)
- « Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du pouvoir et de la magie »(Johann Wolfgangvon Goethe). C’est la devise qui a vraiment poussé Alexandra à se lancer dans l’aventure YaKa …
YAKA COMPANY SPRL – Rue Achille Fiévez, 16 à 1474 Ways (Genappe) – 0495/91.28.99 – www.yakacompany.com